L'homosexualité est condamnée par la loi au Sénégal comme dans trente-six Etats en Afrique. Elle est considérée par la société comme un crime, une pratique « non naturelle », une malédiction. Elle souffre d'une illégitimité sociale. Le droit sénégalais est un droit hérité de la colonisation. Les gouvernements postcoloniaux se sont appuyés sur cet héritage pour consolider la criminalisation de l'homosexualité en Afrique. Ainsi, au Sénégal, l'article 319 du Code pénal adopté le 21 juillet 1965 condamne à cinq ans d'emprisonnement et une amende de 100 000 à 1 000 000 de francs CFA (de 150 à 1 500 euros) les personnes présumées homosexuelles.
Même si l'homosexualité n'est pas explicitement mentionnée dans cette disposition de la loi, cet article sert de base juridique pour punir les homosexuels. Si la vie privée peut être du ressort de la famille, la morale publique est du ressort de l'État, qui se porte garant du respect des normes sociales. Le flou juridique entretenu par le Code pénal sénégalais autour de l'homosexualité offre une panoplie d'interprétations qui ouvrent la voie à des actes de répression, parfois sans preuves.
Une sexualité multiple et variée
Ainsi, d'après l'ONG Human Rights Watch, « il suffit qu'un individu soit présumé être homosexuel pour que son arrestation soit justifiée ». L'organisation a également démontré que si la loi punit des actes, elle est utilisée pour arrêter des personnes d'après des rumeurs ou des caractéristiques physiques telles que l'habillement.
Mais la pénalisation de l'homosexualité au Sénégal pose à la fois des problèmes d'ordre socio-historiques et juridiques. D'un point de vue socio-historique, contrairement au discours public, voire nationaliste stigmatisant l'homosexualité comme une importation des Occidentaux en Afrique, la sexualité en Afrique a toujours été multiple et variée. Avant l'arrivée des colons, l'hétérosexualité était une forme d'intimité parmi tant d'autres. De l'Afrique de l'Ouest à l'Afrique australe, des relations entre personnes de même sexe existaient dans certaines sociétés. Mais ces relations n'avaient pas la même signification et encore moins la désignation actuelle.
La conception contemporaine du sexe et du genre dans les sociétés postcoloniales africaines est une conséquence de la colonisation ayant érigé l'hétérosexualité en norme dominante sur le continent et pénalisée les relations entre personnes de même sexe au nom de la religion et de la reproduction. Dès lors, l'homophobie en Afrique doit être perçue comme une invention occidentale. On peut à cet effet s'interroger sur la mobilisation de l'hétérosexualité comme variable du nationalisme et justificatif de la rhétorique homophobe.
Source et article complet : Le Monde (27/07/2017)
Même si l'homosexualité n'est pas explicitement mentionnée dans cette disposition de la loi, cet article sert de base juridique pour punir les homosexuels. Si la vie privée peut être du ressort de la famille, la morale publique est du ressort de l'État, qui se porte garant du respect des normes sociales. Le flou juridique entretenu par le Code pénal sénégalais autour de l'homosexualité offre une panoplie d'interprétations qui ouvrent la voie à des actes de répression, parfois sans preuves.
Une sexualité multiple et variée
Ainsi, d'après l'ONG Human Rights Watch, « il suffit qu'un individu soit présumé être homosexuel pour que son arrestation soit justifiée ». L'organisation a également démontré que si la loi punit des actes, elle est utilisée pour arrêter des personnes d'après des rumeurs ou des caractéristiques physiques telles que l'habillement.
Mais la pénalisation de l'homosexualité au Sénégal pose à la fois des problèmes d'ordre socio-historiques et juridiques. D'un point de vue socio-historique, contrairement au discours public, voire nationaliste stigmatisant l'homosexualité comme une importation des Occidentaux en Afrique, la sexualité en Afrique a toujours été multiple et variée. Avant l'arrivée des colons, l'hétérosexualité était une forme d'intimité parmi tant d'autres. De l'Afrique de l'Ouest à l'Afrique australe, des relations entre personnes de même sexe existaient dans certaines sociétés. Mais ces relations n'avaient pas la même signification et encore moins la désignation actuelle.
La conception contemporaine du sexe et du genre dans les sociétés postcoloniales africaines est une conséquence de la colonisation ayant érigé l'hétérosexualité en norme dominante sur le continent et pénalisée les relations entre personnes de même sexe au nom de la religion et de la reproduction. Dès lors, l'homophobie en Afrique doit être perçue comme une invention occidentale. On peut à cet effet s'interroger sur la mobilisation de l'hétérosexualité comme variable du nationalisme et justificatif de la rhétorique homophobe.
Source et article complet : Le Monde (27/07/2017)
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